Le 29 janvier 2013, au grand amphithéâtre de La Sorbonne (Paris), le philosophe et penseur Michel Serres a délivré une conférence passionnante sur le thème : “l’innovation et le numérique” : vidéo à consulter à cette adresse.
Cette conférence a été prononcée dans le cadre du lancement du Programme Paris Nouveaux Mondes, l’Initiative d’excellence du Pôle de recherche et d’enseignement supérieur “hautes études, Sorbonne, arts et métiers”(Pres héSam).
En 47 mn, Michel Serres explicite la révolution numérique en cours en débutant par une définition du mot ordinateur, notre rapport renouvelé au corps, au temps et à l’espace. Il dresse aussi une historicité des techniques pour introduire les “bouleversements” numériques.
Quelle révolution numérique ?
La révolution numérique en cours aura selon Michel Serres des effets au moins aussi considérables qu’en leur temps l’invention de l’écriture puis celle de l’imprimerie. Les notions de temps et d’espace en sont totalement transformées. Les façons d’accéder à la connaissance profondément modifiées. À cet égard, chaque grande rupture dans l’histoire de l’humanité conduit à priver l’homme de facultés (“l’homme perd”) mais chaque révolution lui en apporte de nouvelles (“l’homme gagne”).
À la part de mémoire et de capacité mentale de traitement de l’information qu’il perd avec la diffusion généralisée des technologies numériques, l’homme gagne une possibilité nouvelle de mise en relation (d’individus, de groupes et de réseaux, de savoirs) mais aussi une faculté décuplée d’invention et de création. C’est probablement de ce côté-là que se trouvent les réponses aux enjeux contemporains de l’humanité.
Petite Poucette, nouvelle héroïne de notre temps
Michel Serres a souligné que l’écart entre les pratiques nouvelles nées de la diffusion généralisée, dès le plus jeune âge, du numérique et celles des organisations instituées à une époque où l’humanité vivait autrement est devenu considérable. L’entrée dans cette nouvelle ère de l’humanité interpelle la sphère académique. L’École et l’Université doivent engager leur métamorphose selon le philosophe.