L'utilité des EPN sur les territoires réaffirmée par le Conseil National du Numérique avec des recommandations

Après 6 mois de travail, des milliers de contributions, le rapport Ambition numérique du Conseil National du Numérique (CNN) a été remis au Premier Ministre le 18 juin 2015 à la Gaîté Lyrique. Ce rapport comprend 70 recommandations dont plusieurs concernent directement les EPN.
En PDF : Consultez le rapport du CNN : Ambition numérique – Pour une politique française et européenne de la transition numérique (juin 2015).
L’utilité des EPN (espaces publics numériques) est soulignée au sein du rapport avec des recommandations phares exposées ci-après.

Qu’est-ce qu’un espace public numérique ? Définition du CNN

Destiné à l’accompagnement de tous les publics aux usages numériques, un espace public numérique (EPN) propose des activités d’initiation ou de perfectionnement variées et encadrées, par le biais d’ateliers collectifs, mais également dans le cadre de médiations individuelles et de plages réservées à la libre consultation.

Encourager la constitution d’un réseau de médiateurs (page 123)

Les premiers alliés des médiateurs de services publics se situent au sein des nombreuses initiatives de terrain mises en place par la société civile : médiateurs numériques dans les EPN (Espaces publics numériques), médiateurs du lien social, éducation populaire, et plus particulièrement de l’action sociale auprès des publics fragilisés (migrants, précaires, ex-détenus).
L’État doit occuper un rôle d’incitateur et de facilitateur de cette coopération entre les différents pôles de la médiation.
Le Conseil recommande à cet égard de poursuivre les efforts engagés afin de :
Coordonner les différents acteurs de la médiation au niveau local et national, en favorisant l’identification des différentes parties prenantes aux activités de médiation et leur constitution en réseau. La coopération entre les différents acteurs de la médiation et les services publics pourraient être outillée : certains contributeurs étaient par exemple demandeurs de fonctions de partage d’écran à distance, entre accompagnateurs sociaux et référents correspondants au sein des services publics (Caisse d’allocations familiales, Pôle Emploi, etc.). Il pourrait également être prévu de mettre à disposition des médiateurs des comptes fictifs utilisables lors d’ateliers de prise en main de services dématérialisés (déclarations de revenus, etc.), pour respecter la confidentialité de la situation financière des personnes.
Renforcer la collaboration entre les travailleurs sociaux et les médiateurs numériques. Les espaces publics numériques pourraient constituer les lieux privilégiés permettant cette collaboration. L’agence numérique pourra notamment contribuer à la production de grilles d’analyse et à l’état des lieux de l’offre de médiation sur le territoire ainsi qu’à l’outillage et à la mise en réseau des initiatives. L’ensemble de ces mesures devraient accompagner le déploiement des contrats de plan État-région (CPER).

Reconnaître et pérenniser les métiers de la médiation numérique sous toutes ses formes et sur l’ensemble du territoire (page 283)

La fonction de médiateur est insuffisamment reconnue sur le plan professionnel. La médiation numérique demande des compétences spécifiques : accompagnement et attentions aux personnes, capacités d’initiative, capacité à susciter l’intérêt, savoirs faires pédagogiques… Sa valorisation pourra s’appuyer sur la création d’une fiche métier et d’un code ROME (Répertoire Opérationnel des Métiers et des Emplois), voire l’intégration d’une spécificité métier de médiateur numérique dans les filières et les concours de la fonction publique territoriale. Qui dit nouveau métier, dit aussi création d’un référentiel de certification propre à la médiation numérique en formation initiale et continue.
Cette filière de formation pourrait être conçue avec des dispositifs de compagnonnage au sein des Espaces publics numériques (EPN), des services publics et des tiers lieux.

Une mise en réseau des lieux et initiatives de la médiation (page 284) :

À l’image des écosystèmes FrenchTech qui ont su regrouper l’ensemble des acteurs concernés par l’entrepreneuriat numérique, il s’agit ici d’identifier, de faire se rencontrer, les acteurs de la médiation numérique pour développer les réseaux coopératifs territoriaux, facteur de mutualisation et de diffusion.
Le CNNum recommande une organisation de ces lieux autour de 4 principes :
Établir un état des lieux de l’existant : si les EPN (Espaces publics numériques) sont un élément structurant de la médiation numérique, celle-ci s’est
aujourd’hui largement diversifiée. Il importe donc d’en établir l’inventaire dans la diversité des lieux et métiers. En établissant une cartographie, la collectivité locale rend accessible aux habitants des lieux de médiation qu’ils ne connaissent pas forcément ;
Élargir la médiation numérique à des lieux à proximité des habitants : on ne peut pas attendre que des personnes non sensibilisées à l’importance du numérique se déplacent jusqu’à des EPN. La médiation numérique concerne aujourd’hui toute une série de services publics et de lieux associatifs (bureaux de poste, équipements de quartiers, bibliothèques…) qui peuvent aussi accompagner les habitants dans la recherche d’informations, l’accès aux services publics et l’usage d’un ordinateur ;
Miser sur la mobilité : en milieu rural, les tiers-lieux et les EPN mobiles (notamment avec les bus) permettent un maillage territorial de l’inclusion numérique à proximité des habitants, dans une dimension intercommunale ;
Organiser des réseaux coopératifs territoriaux des acteurs de la médiation numérique : le développement d’un écosystème de la médiation numérique passe par un travail en réseau où les acteurs se connaissent, se rencontrent, s’épaulent dans une dynamique qui favorise la diffusion de la médiation en proximité et dans la diversité des lieux concernés.

Renforcer le modèle économique des Espaces publics numériques (EPN) et des lieux de médiation (page 286) :

Aujourd’hui de nombreux EPN ont une existence précaire. Trop souvent, les moyens humains et matériels dépendent d’appels à projets incertains et coûteux en énergie. Dans les services publics et associations assurant une médiation numérique, cette fonction est fragilisée par les contraintes budgétaires et d’emploi.
Le CNNum préconise de :
Inciter les collectivités locales à définir une politique cohérente des médiations numériques de leur territoire ;
Rémunérer les médiations numériques liées à l’accès aux services publics (Pôle Emploi…) et à la formation (visa Internet, badge…) : lorsqu’un demandeur d’emploi est accompagné par un EPN pour l’accès aux offres d’emploi sur Internet ou la rédaction de CV, l’EPN doit pouvoir être rémunéré pour cet accompagnement. Lorsqu’un habitant valide un certificat de compétences dans un EPN, la structure assure une mission de formation qui doit être rémunérée ;
Attribuer la Reconnaissance d’Utilité Publique aux structures associatives de médiation numérique afin de permettre aux particuliers de bénéficier de déductions fiscales sur leurs dons à ces associations ;
Inciter les entreprises à s’engager dans la médiation numérique : créer des partenariats pour que les salariés qui en ont la volonté et les compétences puissent dédier une partie de leur temps à l’aide à ces structures. Les entreprises pourraient par exemple s’inspirer des dispositifs adoptés par les entreprises aux États-Unis et au Canada autour du “bénévolat appuyé par l’employeur” (ex : heures de travail souples, congé rémunéré, permission d’utiliser les installations ou l’équipement etc.).

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