Administration numérique en France : Fractures numériques de compétences au sein des administrations et pour les citoyens

administratifAdministration numérique : c’est le titre de la note du Conseil d’analyse économique (placé auprès du Premier Ministre) rédigée par Anne Perrot, Yann Algan et Maya Bacache et publiée en septembre 2016.
La note complète sur l’Administration numérique (12 pages, en PDF) amène à repenser le rôle de l’action publique avec le numérique.
Les auteurs étudient les conditions à réunir pour que les technologies numériques conduisent effectivement à plus d’efficacité, l’État ayant un rôle clé à jouer, différent de son rôle traditionnel.

Administration numérique et compétences numériques au sein des administrations

La note insiste notamment sur la nécessité au-delà même des compétences informatiques, pour assurer la transition numérique, de disposer au sein de l’administration de personnels qualifiés à même de mener des projets numériques.
En France, les équipes transversales en charge de la transition numérique sont moins développées que dans des pays leaders en termes d’e-administration et les spécialistes en informatique moins nombreux que dans le secteur privé.
Commentaire : A ce titre, les personnels des EPN relevant des collectivités peuvent apporter cette expertise par leur vision transversale : maîtrise des infrastructures, des outils et accompagnement des personnels.
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Administration numérique et nouvelles fractures numériques

Si le numérique améliore la qualité des services administratifs, inversement, la disparition du guichet ou le passage complet aux services en ligne font naître un risque de fracture numérique entre les individus connectés et les autres.
L’accessibilité des services publics est essentielle pour l’égalité réelle des usagers devant le service public. Les données d’Eurostat sur l’utilisation des services publics en ligne par les internautes, désagrégées par niveaux de revenu et classes d’âge, montrent que les internautes appartenant aux quartiles de revenu les plus élevés ainsi que ceux de la classe d’âge 25-45 ans sont relativement plus nombreux que les autres à recourir aux services publics numériques.
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La France se distingue des autres pays européens par un différentiel plus fort entre les ménages les plus aisés et les ménages les plus modestes. Une étude sur données françaises individuelles montre que les revenus n’ont pas d’effet spécifique sur l’usage de l’e-administration par rapport à l’Internet en général.
Au contraire, parmi les utilisateurs d’Internet, les personnes qui utilisent le plus les sites administratifs sont celles qui bénéficient le plus de transferts sociaux. Ces résultats indiquent que la fracture numérique ne s’accompagne pas d’une fracture liée aux revenus dans l’usage de l’e-administration.
En revanche, l’étude montre qu’il existe une fracture liée aux compétences informatiques et au niveau de formation, les utilisateurs de l’e-administration, relativement aux usagers de l’Internet, ayant des compétences et un usage plus développés d’Internet et de l’informatique.
Commentaire : Là aussi, les espaces publics numériques ont un rôle à jouer dans l’accompagnement des citoyens pour une sensibilisation et une découverte de l’administration électronique.

7 recommandations sur l’Administration numérique

En conclusion, la note Administration numérique du Conseil d’Analyse Economique livre 7 recommandations pour une meilleure administration numérique en France :
Recommandation 1. Conforter le rôle de l’État pour coordonner la collecte des données d’intérêt général et les mettre à disposition des innovateurs dans des conditions tarifaires abordables. Garantir dans le même temps la protection de la vie privée des usagers “fournisseurs” de données.
Recommandation 2. Renforcer la transparence dans l’usage des données et des algorithmes à la base de la décision publique. Faciliter leurs réutilisations lorsque des améliorations peuvent être apportées par l’initiative privée, de même que celle des données privées d’intérêt général.
Recommandation 3. Encourager le recours aux méthodes “agiles” et les expérimentations avec des dérogations temporaires à fins d’innovations au sein des services publics. S’assurer que le déploiement de nouveaux services n’a lieu que si leur intérêt et leur efficacité sont au moins en partie validés.
Recommandation 4. Impliquer les usagers dans la coproduction des services publics et multiplier les démarches participatives. Apprendre au public à utiliser l’administration numérique et l’inciter à y avoir massivement recours. Évaluer les services publics en ligne à partir de l’expérience des usagers.
Recommandation 5. Faciliter le recrutement d’informaticiens, de codeurs, de designers, de data scientists et data analysts, avec des salaires et carrières compétitifs pour attirer les meilleures compétences du privé.
Recommandation 6. Ouvrir un débat public et politique sur les formes du service public et le périmètre de l’action publique. Débattre du choix fondamental entre opt-in et opt-out en matière de transmission des données personnelles.
Recommandation 7. Évaluer systématiquement l’efficacité économique des différents services publics en ligne.

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